« Comment j’ai dévoilé ma maladie à mes proches »
Vivre avec un trouble psychique ne se résume pas aux symptômes ou aux traitements. Lorsqu’un diagnostic est posé et intégré, l’une des étapes les plus décisives et parfois les plus délicates, c’est le moment où l’on choisit d’en parler à ses proches, de se dévoiler. Comment trouver les mots justes ? Comment affronter les peurs, les tabous, les idées reçues ? Entre désir d’être compris, besoin d’alléger le poids du secret et crainte du rejet, le dévoilement devient un tournant intime et fondateur. Plein Espoir a donné la parole à Tonatiuh, Elise, Cathy et Sophie, pour nous raconter comment le dévoilement peut devenir une force, un chemin vers plus de confiance et de liens.

Je m’appelle Cathy, j’ai grandi dans une famille où la psychiatrie était présente, mais entourée de silence. Mon père était maniaco-dépressif, comme on disait alors, mais à la maison on ne prononçait jamais ces mots. On parlait vaguement de « soucis de santé », et ma grand-mère ne voulait surtout pas que cela se sache. J’ai grandi dans ce climat de non-dit et de tabou.
Adulte, ce fut mon tour. J’ai traversé ce que l’on appellerait aujourd’hui un burn-out, suivi de longues années de dépressions. On me soignait avec des antidépresseurs, sans penser à la bipolarité. Jusqu’au jour où une phase maniaque est arrivée. Mon conjoint, déstabilisé, a eu la présence d’esprit de me filmer. Les images ont parlé d’elles-mêmes : mon psychiatre a enfin posé le diagnostic. Au début, je n’y ai pas cru. Moi, bipolaire ? J’ai traversé le déni, cherché d’autres explications, refusé l’évidence. Même ma mère ne voulait pas que l’histoire se répète. Mais peu à peu, j’ai compris qu’un diagnostic était une chance qui signifiait d’être soignée avec les bons médicaments. Et surtout, de pouvoir sortir du flou.
Avec mes proches, le dévoilement s’est fait assez tôt, parce qu’il fallait comprendre ce qui m’arrivait. Mais ce n’était pas simple, chacun avait ses peurs, ses résistances. Ce qui m’a aidée à franchir une étape, c’est l’écriture. Mon psychiatre m’en parlait depuis longtemps, et un jour j’ai osé. Mettre ma vie sur le papier, sans fard. J’ai publié ce livre (La petite fille au sourire figé), pour moi mais aussi pour les autres. Certains proches ont découvert mon histoire en le lisant. C’était une façon de dire les choses sans avoir à répéter, et surtout de transformer ma souffrance en quelque chose d’utile. Ce livre m’a donné la mission de contribuer à libérer la parole, briser le tabou qui a enfermé mon père, et montrer qu’il n’y a pas de honte à vivre avec un trouble psychique. J’ai reçu de nombreux retours de lecteurs, certains y ont trouvé des repères, d’autres de l’apaisement. Moi, j’y ai trouvé du sens. Cela fait deux ans que je vais bien. Les médicaments m’aident, mais avoir une vie qui donne envie, une parole assumée, ça change tout.
Avec mes enfants, j’ai aussi choisi la vérité, adaptée à leur âge. Petits, on parlait d’une « maison pour se reposer » à la place de l’hôpital. Aujourd’hui, adolescents, ils lisent certains passages du livre avec moi. C’est parfois dur, mais au moins les choses sont dites. Je préfère ça au silence que j’ai connu enfant, où l’absence de mots me laissait imaginer le pire. Dire les choses m’a soulagée. Je ne suis pas qu’une maladie, ni qu’un diagnostic. Je suis une femme, une mère, une autrice, une personne qui avance. Et si mon histoire peut aider à déstigmatiser, alors c’est là ma manière de transformer une épreuve en force.
Journée de la réhab'. Au-delà des préjugés : agir ensemble contre la stigmatisation en santé mentale
Intervention lors de la 4ème journée de la réhab’ sur le thème “Au-delà des préjugés : agir ensemble contre la stigmatisation en santé mentale”. Cet événement est une action de promotion de la démarche de réhabilitation psychosociale organisé par le Centre de ressources en réhabilitation psychosociale du Haut-Rhin.

Cathy : Souffrance physique et trouble bipolaire - de l'ombre à la lumière
Dans cet épisode, Sarah reçoit Cathy Germain, auteure de « La petite fille au sourire figé », pour un témoignage poignant sur le trouble bipolaire. De son enfance auprès d’un père bipolaire à son propre parcours avec la maladie, Cathy aborde avec authenticité les phases maniaques, la dépression, la catatonie, mais aussi son chemin vers la stabilisation. Une conversation intime et éclairante qui brise les tabous sur la maladie mentale tout en portant un message d’espoir.
Association québécoise pour la réadaptation psychosociale
Mon entrevue avec l’association AQRP (Québec)
Voici les questions abordées :
1 – Quelle place a occupé l’écriture dans votre processus de rétablissement ?
2 – Votre livre semble aborder des thématiques universelles comme le dépassement de soi, la résilience. Comme autrice, qu’aimeriez vous que « La petite fille au sourire figé » suscite comme discussion sur la santé mentale et la résilience ?
3 – La lecture de votre livre est dite interactive. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cette approche se reflète dans le livre ?
4 – Que souhaiteriez-vous voir changer dans la manière dont la société française perçoit et aborde la santé mentale et en particulier la bipolarité et l’hypersensibilité ?
Questions/Réponses avec les auteurices du forum "Écri(pas)vain"
Le forum Écri(pas)vain et un forum maison réunissant celles et ceux qui ont osé mettre sur papier leur histoire, synthétiser leurs recherches, partager le récit de leur expérience ou dérouler le fil de leur réflexion. Un espace qui leur offre aussi, pourquoi pas, l’opportunité de vendre leurs écrits ou de trouver un·e éditeur·rice ! Venez échanger avec les auteurices !
Témoignage. "vous n’êtes pas dépressive, vous êtes bipolaire", Cathy Germain témoigne dans son livre de sa vie avec la maladie
À 43 ans, Cathy Germain, autrice angevine, a choisi de transformer son combat contre la bipolarité en une mission de sensibilisation. Diagnostiquée il y a seulement trois ans après une errance médicale de plus d’une décennie, elle publie « La petite fille au sourire figé ». Un témoignage poignant où elle livre son expérience, ses épreuves, et ses victoires face à ce trouble psychique souvent mal compris.
03 décembre 2024

